Une ambiance électrique, presque suffocante, s’est installée ce matin dans les studios d’Europe 1. Alors que la France découvre un gouvernement remanié qui donne l’impression de recycler les mêmes visages, le député LFI Aurélien Le Coq s’est retrouvé face à Erik Tegnér dans un duel qui devait, à l’origine, dresser un simple état des lieux politique. En quelques minutes, la discussion a viré à une confrontation brutale, abordant à la chaîne : la légitimité du chef de l’État, la crise à Gaza et, inévitablement, la figure controversée de Rima Hassan. Une séquence de radio dont on parlera encore longtemps.

Un gouvernement qualifié de « morts-vivants »
Dès le début, Le Coq frappe fort. Pour lui, la nouvelle équipe gouvernementale ressemble davantage à une troupe de « morts-vivants » ou de « mercenaires » qu’à un élan de renouveau. Il fustige le maintien de ministres comme Darmanin ou Bergé, qu’il considère comme le symbole d’un pouvoir désavoué.
Selon lui, les choix de Macron relèvent du non-sens total, notamment la nomination de Mathieu Lefèvre à l’Écologie, qu’il décrit comme un « fanatique des pesticides ». Sa conclusion est radicale : la France ne retrouvera de souffle démocratique qu’avec la démission ou la destitution d’Emmanuel Macron. Un positionnement frontal, loin des prudences habituelles de l’opposition.
Le choc des motions de censure : LFI contre RN
Lorsque la question de la motion de censure surgit, le débat prend des allures de règlement de comptes politique. Le Coq balaie toute idée d’appuyer celle du RN, rappelant que celle de LFI sera discutée en premier.
L’intervention de François, un routier de Rhône-Alpes, ajoute une dimension humaine au débat. Votant RN mais écœuré par la situation du pays, il dénonce une classe politique déconnectée. Le Coq saisit l’occasion pour charger Marine Le Pen et ses cadres : « On vous trahit », reproche-t-il, accusant le RN d’avoir maintenu Macron au pouvoir en refusant la censure, permettant notamment la hausse des taxes sur l’électricité. Pour LFI, le RN n’est qu’une opposition d’apparence.
Israël–Gaza : l’affrontement inévitable
Lorsque la question des otages, des prisonniers palestiniens et de la politique américaine surgit, la tension explose.
Le Coq salue la libération des otages mais insiste sur le destin des « prisonniers politiques palestiniens ». Tegnér l’interrompt : certains sont des criminels, pas des dissidents. Le Coq conteste aussitôt la légitimité de la justice israélienne, accusant le gouvernement Netanyahou de violer le droit international et qualifiant son système judiciaire d’instrument d’occupation.
Refusant de parler de « terroristes », il martèle que la majorité des détenus sont incarcérés pour des raisons politiques – déclenchant indignation et accusations de sémantique dangereuse.

Rima Hassan : la phrase qui déclenche l’orage
Le point culminant arrive avec la mention de Rima Hassan.
Tegnér attaque : « On dirait qu’elle est militante palestinienne avant d’être élue française. »
Le Coq ne s’esquive pas : « Rima Hassan est une militante palestinienne engagée pour la paix. » Une déclaration qui fait bondir Tegnér, jugeant ces propos inadmissibles pour une élue de la République.
Le Coq nuance, précisant qu’elle est d’abord investie par les électeurs français et que la défense du droit international transcende les frontières. Mais le fossé entre les positions est déjà irréparable.
Le Hamas et la question de la démilitarisation
Pressé de dire si le Hamas doit être désarmé, Le Coq refuse les condamnations simplistes. Il rappelle que toute résistance naît d’un contexte d’oppression et accuse Israël de mener un « génocide » à Gaza. Pour lui, un futur État palestinien doit pouvoir se défendre, tout en appelant à des élections libres permettant aux Palestiniens de choisir leur direction. Une position nuancée, mais perçue comme trop ambiguë par ses adversaires.
Une France divisée, un dialogue impossible

Cet échange montre une France où l’affrontement idéologique domine toute tentative de dialogue. LFI assume une vision globale mêlant politique intérieure et droit international, quitte à choquer. En face, droite et extrême droite tentent d’enfermer les Insoumis dans des contradictions morales et nationales.
Entre ces camps irréconciliables, des citoyens comme François tentent de comprendre qui parle encore pour eux. Une certitude : au vu de l’intensité de ces débats, le climat politique français n’est pas près de s’apaiser.