Les archives top secrètes sur les OVNI que des États ont tenté de garder confidentielles — documents déclassifiés, témoignages officiels et zones d’ombre qui défient encore toute explication claire

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EXCLUSIF – Une enquête approfondie révèle la vérité derrière l’un des cas d’OVNI les plus célèbres et tragiques des archives américaines, l’incident Mantell, démystifiant des décennies de récits sensationnalistes et mettant en lumière un fatal concours de circonstances.

Le 7 janvier 1948, le ciel du Kentucky devient le théâtre d’événements qui alimenteront pendant des décennies les théories les plus folles sur les phénomènes aériens non identifiés. De nombreux témoins civils et militaires signalent un objet rond et brillant se déplaçant lentement vers le sud. La base aérienne de Godman est alertée.

Le commandant de la base ordonne l’interception de l’objet non identifié. Un escadron de quatre chasseurs North American F-51D Mustang, déjà en exercice, est dérouté. Le capitaine Thomas F. Mantell, pilote vétéran de la Seconde Guerre mondiale, prend la tête de la manœuvre et engage la poursuite.

Ses ailiers, à court d’oxygène, restent à 15 000 pieds. Mantell, déterminé, continue seul l’ascension pour approcher l’objet qu’il décrit par radio comme “métallique et d’une taille impressionnante”. Les communications cessent brusquement alors qu’il dépasse les 25 000 pieds. Son appareil est retrouvé plus tard, écrasé près de Franklin.

Le pilote est retrouvé mort dans l’épave. La presse de l’époque, avide de mystère, propage immédiatement des versions dramatiques : l’avion aurait été pulvérisé sur des kilomètres, le corps irradié, la carlingue percée de trous étranges. L’incident Mantell entre dans la légende comme une preuve d’une rencontre hostile.

L’affaire est intégrée au Project Blue Book, l’étude officielle américaine sur les OVNI. Pendant des années, le manque d’explication satisfaisante publique alimente les spéculations. L’hypothèse d’une confusion avec la planète Vénus, un temps avancée, est largement ridiculisée face à la multiplicité des témoignages.

Pourtant, une investigation rigoureuse des faits et des documents d’époque, aujourd’hui accessibles, livre une tout autre histoire. Les éléments clés occultés par le récit sensationnaliste changent radicalement la nature de l’événement. La vérité est plus triviale, mais n’en reste pas moins tragique.

D’abord, le contexte technique est crucial. Les F-51D engagés ce jour-là effectuaient une mission à basse altitude et n’étaient pas équipés de réserves d’oxygène. Au-delà de 15 000 pieds sans oxygène supplémentaire, un pilote risque l’hypoxie, une insidieuse privation d’oxygène au cerveau.

L’hypoxie provoque une “paresse mentale” puis une perte de conscience, sans que la victime n’en ait forcément conscience. Les témoignages des autres pilotes confirment avoir vu l’appareil de Mantell entamer une longue descente en spirale, typique d’un pilote inconscient aux commandes.

Aucun rapport officiel, militaire ou du Blue Book, ne fait mention de radioactivité anormale, de corps irradié ou d’épave dispersée. Ces détails, inventés et amplifiés par la presse, ont forgé le mythe. Les photos de l’accident montrent un avion largement intact, couché sur le flanc.

Reste la question de l’objet poursuivi. Le mystère a persisté car il s’agissait, à l’époque, d’un projet top secret : le Skyhook. Il s’agissait de gigantesques ballons stratosphériques en plastique, lâchés pour étudier la haute atmosphère et détecter d’éventuels essais nucléaires soviétiques.

Un de ces ballons, lancé depuis l’Ohio, avait dérivé ce jour-là au-dessus du Kentucky. Les descriptions des témoins évoluent d’un objet conique à un objet sphérique, correspondant parfaitement à l’aspect d’un ballon Skyhook se dilatant lors de son ascension dans l’atmosphère raréfiée.

L’astronome Carl Zeiss, témoin à Nashville, observa l’objet aux jumelles et le décrivit sans ambiguïté comme “un ballon en forme de poire à l’envers avec des câbles”. Son expertise professionnelle apporte la pièce manquante du puzzle, identifiant l’objet non identifié avec précision.

L’incident Mantell n’est donc pas une rencontre du troisième type, mais un terrible accident. Un pilote courageux, victime d’hypoxie après avoir poursuivi sans oxygène un ballon espion secret à haute altitude. Sa mort est le résultat d’un enchaînement de facteurs techniques et humains.

Ce cas, souvent brandi comme une preuve irréfutable, illustre parfaitement comment un fait divers tragique peut être déformé. La suppression initiale de l’existence des ballons Skyhook pour raison de sécurité nationale a laissé le champ libre aux interprétations les plus fantaisistes.

Le Project Blue Book lui-même, souvent présenté comme une archive de preuves cachées, est aujourd’hui intégralement déclassifié et accessible en ligne. Il recense des milliers de témoignages, dont la grande majorité trouve une explication conventionnelle après investigation.

L’histoire des OVNI est pavée de tels récits, où le sensationnalisme et la méconnaissance de technologies secrètes alimentent des mythes tenaces. L’affaire Mantell rappelle que la vérité, parfois moins spectaculaire, réside souvent dans l’examen minutieux des faits et des documents historiques.

La prochaine fois que vous lirez une histoire de pilote abattu par un OVNI, souvenez-vous de Thomas Mantell. Souvenez-vous de l’hypoxie, des ballons Skyhook et du fossé qui peut séparer la réalité documentée du récit mythifié. La vigilance critique reste notre meilleur outil face aux mystères.