L’épave du légendaire porte-avions USS Hornet (CV-8) a été localisée par un drone sous-marin à plus de 5 000 mètres de profondeur dans le Pacifique Sud, mettant fin à 77 ans de mystère. L’état de conservation exceptionnel du navire, coulé durant la Seconde Guerre mondiale, a stupéfié les chercheurs.

L’expédition, financée par le défunt cofondateur de Microsoft Paul Allen et menée par son navire de recherche RV Petrel, a identifié positivement l’épave en février 2019. Elle repose à 5 300 mètres près des îles Salomon, dans une obscurité abyssale où la pression dépasse 8 tonnes par pouce carré. Le drone sous-marin autonome a capturé des images d’une clarté saisissante.

La proue du Hornet se dresse fièrement dans la boue, défiant les décennies. Le pont d’envol, bien que marqué par les impacts, est remarquablement intact. Les canons anti-aériens pointent toujours vers un ciel invisible, figés dans leur dernier combat. L’absence presque totale d’oxygène et de lumière a momifié le navire en une capsule temporelle d’acier.
Les images révèlent des détails poignants : un tracteur d’avion International Harvester semble prêt pour le prochain lancement. Un chasseur Grumman F4F Wildcat repose, ses ailes soigneusement repliées. Le chiffre « 8 », gravé sur la coque, a levé tout doute. Pour les historiens, chaque bosse correspond aux récits des survivants de la bataille des îles Santa Cruz en octobre 1942.
Le Hornet avait écrit l’histoire. En avril 1942, il lança le raid de Doolittle sur Tokyo, première frappe américaine sur le sol japonais. Deux mois plus tard, ses avions contribuèrent à la victoire décisive de Midway. Il fut finalement submergé sous les coups de l’aviation nipponne le 27 octobre 1942, devenant le dernier grand porte-avions américain perdu au combat.

La découverte est le fruit d’une investigation méticuleuse. L’équipe du Petrel a croisé les journaux de bord de neuf navires pour affiner la zone de recherche. Le drone a ensuite scruté les abysses pendant des heures avant qu’une silhouette symétrique n’émerge des ténèbres sur les écrans sonar. La salle de contrôle est tombée dans un silence religieux.
Pour les derniers survivants, cette découverte est une forme de rédemption. Richard Nowatzki, 95 ans, ancien artilleur de 18 ans sur le Hornet, a pu revoir son poste de combat intact. « Si tu descends à mon casier, y a 40 dollars, tu peux les prendre », a-t-il plaisanté, émotion palpable dans sa voix après des décennies d’attente.
L’épave est légalement classée comme tombe de guerre par l’US Navy. Plus de cent marins y reposent. L’expédition Allen a scrupuleusement respecté ce sanctuaire, se limitant à l’observation sans prélever le moindre artefact. Les coordonnées exactes resteront secrètes pour protéger le site des pillards.
Cette découverte redéfinit les limites de l’archéologie sous-marine. Elle prouve que la technologie peut désormais atteindre et documenter les récits perdus dans les profondeurs les plus hostiles. Le Hornet, monument d’acier au courage et au sacrifice, livre enfin son témoignage ultime depuis les ténèbres éternelles du Pacifique.